Horizon négatif

Acier, ordinateur, caméra, écran 4k. 210*60*110cm

«Horizon négatif» génère des paysages aléatoires dont les compositions et les couleurs sont modulées par une caméra en fonction des mouvements des spectateurs. Comme tout les programmes génératifs,  «Horizon négatif» construit en temps réel des abstractions mathématiques. La pièce ne donne pas à voir une image du passé pour dialoguer avec le présent du spectateur au sujet de son avenir, mais évolue dans le temps replié et cyclique qui est celui des machines.

Horizon négatif, en portant le nom du livre éponyme de Paul Virilio, évoque certains thèmes récurrents de sa pensée tels que la guerre, la vitesse, la visionique.. Mais plus encore, le dispositif évoque les origines de cette pensée. En effet, si l’on connait Paul, on sait qu’il a déployé ses créations conceptuelles sur la base d’une image marquante de son enfance : celle de l’horizon et des attaques maritimes et aériennes au large de Nantes pendant la seconde guerre mondiale.

La disparition récente de Paul a été l’élément déclencheur pour formaliser un projet autour de ces images d’enfance fondatrices d’un parcours de vie singulier, ces moment de grâce où une sensibilité particulière est sollicité pour développer une appréciation très fine et pertinente de la réalité qui comble l’enfant, véritablement «impressionné», d’une inspiration pour la vie à venir.

Ainsi on peut bâtir une vie entière sur un émerveillement ou une intuition que l’on a eu enfant. Il est des souvenirs qu’il faut sans arrêt «creuser» et décliner, car il y a au cœur de ces fascinations initiales des intuitions sur une réalité qui nous dépasse. Notre rôle, pour la vie entière, devient alors de donner forme à ces intuitions pour révéler, à soi-même et aux autres, cette vérité cachée.

Le dispositif peut donc être compris comme une tentative pour représenter  l’image d’enfance de Paul qui, plus tard, à mis sa pensée en mouvement : le littoral illuminé par les explosions, le vrombissement d’avions invisibles, le spectacle de la guerre. L’enfant envisage sans le savoir le parcours de sa vie, longeant les lignes de fuite infinies de ce paysage dans lequel il se tient seul puisqu’il s’agit aussi du tableau très personnel de sa conscience du monde. La plastique de la sculpture, brutaliste, est à l’image de sa détermination.